Ayako

ayako21

Titre: Ayako

Auteur: Osamu Tezuka

Année de publication: 1972 – 1973

Genre: Manga seinen, Drame

 

 

 


Mon avis

Ayako est un manga composé de trois tomes, se déroulant par ordre chronologique. Les problèmes du Japon se mêlent aux affaires de famille, dans une tragédie aux scènes choquantes…

L’histoire se déroule au Japon, à l’après-guerre, pendant l’occupation américaine. Jiro Tengé rentre chez sa famille réputée. En effet, son père possède plusieurs terrains (le Japon avait une tradition féodale). Jiro découvre une petite fille du nom d’Ayako. Mais surprise ! Cette dernière vient de la liaison incestueuse entre son père et…sa belle-soeur, Sué. Les complications s’enchaînent: chaque membre porte un lourd secret…mais cette innocente Ayako, ignorante de tout ce qui se passe, est condamnée à passer sa vie enfermée dans le sous-sol…pour éviter les soupçons.

Premièrement, on cerne bien le style simple de Tezuka. Les cases s’enchaînent avec fluidité, et on retrouve de nombreux passages sans texte. Parfois, un paragraphe de narration raconte la situation du Japon à l’époque. La fin des chapitres peuvent être coupées au moment d’une action précipitée, si bien qu’elles nous prennent par surprise. Ça donne envie de tourner la page, puisque le suspense est bien présent…

Lorsqu’on lit Ayako, il faut revenir à l’histoire du Japon: à l’après-guerre, les tensions entre le Japon féodal et l’Amérique démocrate y sont décrites. Les US veulent instaurer leur mode politique, et ça génère le chaos: licenciement de milliers d’employés (suite à la privatisation des chemins de fer), ruine des propriétaires de terrains, attaques contre les parties de gauche. L’auteur met en relation les personnages et les problèmes du Japon: Jiro est un espion secret des américains, sa soeur Naoko est du parti gauche, son frère Ichiro laisse son épouse Sué à son père, juste pour hériter les terrains…Une vraie affaire de famille.

Plusieurs scènes sont troublantes. Elles comprennent des meurtres, des incestes, de la violence et des mensonges…Que vient faire Ayako dans toute cette histoire ? Hé bien, elle est condamnée à ne plus exister: passer le restant de sa vie dans le sous-sol, tel est son destin. Cette fillette est réticente au début, mais elle finit par s’adapter. Cette punition injuste est le point émotionnel du manga. On trouve un contraste entre le désordre du pays, et le vide effarant de la “prison” d’Ayako. Celle-ci développera des troubles de personnalité. Ce développement est affligeant, si bien qu’on éprouve de la pitié pour elle. Pourtant, son comportement est tellement décalé qu’il devient perturbant.

Pourtant, derrière ce chemin tragique, l’auteur nous fait questionner sur le destin d’Ayako: va-t-elle réussir à s’échapper ? On comprend alors pourquoi Ayako est le personnage principal; son existence influence tous les autres membres de sa famille. Étrangement, certains personnages souhaitent son bonheur, mais leur surprotection est un frein à sa liberté. Tezuka illustre des contradictions de ce genre, ridiculisant encore plus l’hypocrisie des personnages.

Ayako intéressera les curieux du Japon et de son histoire, mais aussi ceux qui aiment les histoires sombres, avec une part de psychologie. La structure narrative et le style d’Osamu Tezuka sont tout aussi intriguants.

Leave a comment