Hooked : comment créer des produits addictifs

“Hooked” est un livre qui parle d’addiction, sous un angle technologique. En gros, comment Facebook, Instagram et compagnie nous rendent accros. J’ai trouvé que c’était bien structuré, puisque l’auteur nous parle des quatre grandes étapes du modèle Hook ; il y a d’abord la phase de Déclencheur, ce qui incite l’utilisateur à passer à l’Action, pour obtenir une Récompense…et puis il doit y avoir de l’Investissement.
Je voulais découvrir comment une habitude se créé ; je n’ai donc pas été déçue en apprenant le modèle Hook. J’aurais souhaité en découvrir plus sur l’aspect éthique des technologies addictives ; l’auteur en parle brièvement à la fin du livre. À part ça, je recommande “Hooked” aux personnes souhaitant créer une application accrocheuse (MAIS avec du sens !). Ou simplement à celles qui se demandent comment les grandes technologies nous manipulent.

Tout le monde ment (et vous aussi !)

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Titre : Tout le monde ment (et vous aussi !) – Internet et le Big Data : ce que nos recherches Google disent vraiment de nous

Auteur : Seth Stephens-Davidowitz

Année de parution : 2018

Genre : Sciences Sociales, Statistiques

Étoiles : *****

 


Ce livre m’a appris beaucoup sur le monde. Il m’a même, comme le souhaitait l’auteur, fait changer de perspective.
Entre les sondages publiques et nos recherches sur Google, il y a une grande différence. Parce que – je vous laisse deviner un instant – tout le monde ment pour se donner une bonne image. Le Big Data se révèle désormais comme la source la plus pertinente de la nature humaine.
À en voir le sujet du livre (les données), on pourrait penser que ce livre est bourré de chiffres et dur à lire. Rassurez-vous, c’est tout le contraire : l’auteur donne des exemples intriguants (par exemple sur la politique, le sport, et…la sexualité. Attendez-vous à lire des cas hors-norme). Le style d’écriture est plutôt léger, et l’humour est présent.

Ayako

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Titre: Ayako

Auteur: Osamu Tezuka

Année de publication: 1972 – 1973

Genre: Manga seinen, Drame

 

 

 


Mon avis

Ayako est un manga composé de trois tomes, se déroulant par ordre chronologique. Les problèmes du Japon se mêlent aux affaires de famille, dans une tragédie aux scènes choquantes…

L’histoire se déroule au Japon, à l’après-guerre, pendant l’occupation américaine. Jiro Tengé rentre chez sa famille réputée. En effet, son père possède plusieurs terrains (le Japon avait une tradition féodale). Jiro découvre une petite fille du nom d’Ayako. Mais surprise ! Cette dernière vient de la liaison incestueuse entre son père et…sa belle-soeur, Sué. Les complications s’enchaînent: chaque membre porte un lourd secret…mais cette innocente Ayako, ignorante de tout ce qui se passe, est condamnée à passer sa vie enfermée dans le sous-sol…pour éviter les soupçons.

Premièrement, on cerne bien le style simple de Tezuka. Les cases s’enchaînent avec fluidité, et on retrouve de nombreux passages sans texte. Parfois, un paragraphe de narration raconte la situation du Japon à l’époque. La fin des chapitres peuvent être coupées au moment d’une action précipitée, si bien qu’elles nous prennent par surprise. Ça donne envie de tourner la page, puisque le suspense est bien présent…

Lorsqu’on lit Ayako, il faut revenir à l’histoire du Japon: à l’après-guerre, les tensions entre le Japon féodal et l’Amérique démocrate y sont décrites. Les US veulent instaurer leur mode politique, et ça génère le chaos: licenciement de milliers d’employés (suite à la privatisation des chemins de fer), ruine des propriétaires de terrains, attaques contre les parties de gauche. L’auteur met en relation les personnages et les problèmes du Japon: Jiro est un espion secret des américains, sa soeur Naoko est du parti gauche, son frère Ichiro laisse son épouse Sué à son père, juste pour hériter les terrains…Une vraie affaire de famille.

Plusieurs scènes sont troublantes. Elles comprennent des meurtres, des incestes, de la violence et des mensonges…Que vient faire Ayako dans toute cette histoire ? Hé bien, elle est condamnée à ne plus exister: passer le restant de sa vie dans le sous-sol, tel est son destin. Cette fillette est réticente au début, mais elle finit par s’adapter. Cette punition injuste est le point émotionnel du manga. On trouve un contraste entre le désordre du pays, et le vide effarant de la “prison” d’Ayako. Celle-ci développera des troubles de personnalité. Ce développement est affligeant, si bien qu’on éprouve de la pitié pour elle. Pourtant, son comportement est tellement décalé qu’il devient perturbant.

Pourtant, derrière ce chemin tragique, l’auteur nous fait questionner sur le destin d’Ayako: va-t-elle réussir à s’échapper ? On comprend alors pourquoi Ayako est le personnage principal; son existence influence tous les autres membres de sa famille. Étrangement, certains personnages souhaitent son bonheur, mais leur surprotection est un frein à sa liberté. Tezuka illustre des contradictions de ce genre, ridiculisant encore plus l’hypocrisie des personnages.

Ayako intéressera les curieux du Japon et de son histoire, mais aussi ceux qui aiment les histoires sombres, avec une part de psychologie. La structure narrative et le style d’Osamu Tezuka sont tout aussi intriguants.

Joyland

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Titre: Joyland

Auteur: Stephen King

Année de parution: 2013

Genre: Mystère

 

 

 


Mon avis

Stephen King est réputé pour ses nombreux romans d’horreur et de mystère. Joyland n’est pas une exception. Une fois arrivée au milieu du livre, je n’avais qu’une envie: continuer à lire sans arrêt. J’étais captivée non seulement par le thème forain et le suspense du meurtre, mais également par la sensibilité et le développement des personnages. Comme le cite le critique littéraire Hubert Artus (c’est marqué sur la quatrième de couverture), c’est “un beau roman sur l’apprentissage de la vie”.

Voici l’histoire d’un vieux monsieur qui se remémore l’âge de ses 21 ans, en 1973. Qui a une petite amie nommée Wendy Keegan. Il trouve un job dans un parc d’attractions nommé “Joyland”, en tant que “Gentil Assistant”. Sauf que, Devin Jones (c’est son nom) ne s’attendait pas à avoir des ruptures ainsi que de nouvelles rencontres intrigantes. Place désormais à l’univers de fête foraine, de la Grande Roue à la voyance, en passant par le Tir à la Carabine. Mais une rumeur lui est transmise: il y aurait la présence d’un fantôme dans la Maison de l’Horreur…

Alors oui, pour une intrigue mystérieuse, rien de plus commun que de parler d’esprits spirituels. Vous vous attendez peut-être à ce que les personnages se fassent violemment attaquer par les ombres, avec du sang et tout le tintouin. Mais je pense que “Joyland” appartient plus à la catégorie Policier qu’à l’Horreur. Il est plus question de se documenter sur la cause des crimes, que sur l’aspect gore.

D’un autre côté, on se propulse dans la vie sentimentale de Dev, et tous ses doutes que l’on a lorsqu’on est un jeune adulte: les relations, l’université, le boulot d’étudiant…Deux personnes vont changer sa perspective de vie: une mère et son enfant de dix ans, gravement malade. Certains passages sont émouvants, avec une réflexion sur la vie, la mort, et le risque.

J’ai beaucoup apprécié l’atmosphère forain qui m’a fait rappelé mon enfance dans les parcs d’attractions. Dev étant un employé, quiconque n’ayant jamais travaillé dans un tel lieu découvre Joyland sous un autre angle. Comment doit-on se sentir à l’intérieur d’un déguisement de mascotte ? King nous fait directement entrer dans la peau du personnage.

Je donne cinq étoiles parce que ce livre a su m’accrocher jusqu’à la fin, alors que j’ai tendance à lire petit à petit, en arrêtant lorsque je perds la concentration. Je pense que ça m’a donné envie de connaître d’autres romans de Stephen King.

La Musique de Marie

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Titre: La Musique de Marie (Marie no Kanaderu Ongaku)

Auteur: Usamaru Furuya

Année de parution: 2001

Type: Seinen Nombre de volumes: 2

Genre: Fantastique, Aventure

 

 


Mon avis

La Musique de Marie” d’Usumaru Furuya se déroule dans un monde de fantaisie. Je l’ai d’abord su en feuillant vite fait. Mais je ne m’attendais pas à plonger dans un vrai dilemme philosophique…

Phiphy et Kaï sont des amis d’enfance à Pyrite, un lieu peu avancé dans la technologie. Tous les habitants croient en Marie, une déesse mécanique, même s’ils ne la voient pas dans le ciel. Sauf que Kaï est différent; il peut entendre une douce musique depuis son accident de noyade, dont il a échappé à ses dix ans. Mais qui est-il vraiment ? Grâce à son identité atypique, il devra fair un choix crucial pour sa société.

Dès la première page, on se sent tout de suite dépaysé ! Les personnages ont des habits originaux, le paysage est rocailleux et la ville de Guilou a son petit charme, avec ses nombreuses mécaniques d’engrenage. On se croirait dans un film du Studio Ghibli. Les habitants sont sociables et pacifiques. Bref, une société en pure harmonie. Mais pourquoi ? Quel est le lien qui relie toute la gentillesse du peuple ? C’est la déesse Marie. Ce monde m’a fait rêver, tout autant qu’il m’a perturbé; comparé à notre Terre ambulante, le monde de Kaï a l’air si…épuré. Trop épuré. Mais ça, c’était avant que je ne sache le vrai conflit de l’histoire.

Ça commence déjà par le côté romance: Phiphy aime Kaï, mais ce dernier a autre chose en tête. Il peut entendre la musique de Marie, il peut même la voir dans le ciel. J’ai aimé suivre cette progression entre les protagonistes, en trouvant de la compassion pour Phiphy. Cette fille apporte de l’ambiance dans l’histoire, elle qui est très ouverte, mais aussi têtue.

L’auteur nous entraîne aussi dans le thème de la religion: bien que les gens ne voient pas Marie, ils la vénèrent; c’est elle qui mène la société avec harmonie. Ça fait réfléchir à notre monde actuel, où les gens ont des croyances différences et causent la violence. Mais que veut Marie ? Dans tout ce bien, il y a quelque chose qui bloque…Ce manga est bourré de surprises et de réflexions qui s’accumulent dans le deuxième tome.

Si le côté fantastique vous attire pour lire “La Musique de Marie”, attendez-vous aussi à des méditations philosophiques. Ce manga est loin de traiter des sujets légers. On fait face à des personnages pacifistes, qui au fil des pages se montrent attachants. Mais qui en même temps, ont des doutes. Le destin est-il dans les mains de la société ou dans celles de Dieu ?

Lemmer l’invisible

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Titre: Lemmer l’invisible

Auteur: Deon Meyer

Année de parution: 2016

Genre: Policier

 

 

 


Mon avis

Lemmer est un garde du corps. Son but est de protéger Emma Le Roux, une belle femme qui se sent menacée, en Afrique du Sud. De plus, celle-ci est à la recherche de son frère disparu depuis vingt ans. Elle pense l’avoir revu à la télévision, et qu’il doit être en fuite suite à des meurtres qu’il a commis.

Ils partent donc en quête d’informations auprès de la police…d’après eux, Emma s’est trompée. Il ne s’agissait pas de son frère Jacobus, et puis, il était supposé être mort. Mais pourquoi trois hommes essaient-ils de la tuer par la suite ? Mystère…Lemmer va mener l’enquête.

Si vous aimez les histoires de poursuite, Lemmer l’invisible en comporte plein. Et avec une grande quantité de suspense, ça m’a donné envie de lire sans m’arrêter. Avec une expression tendue.

Les personnages sont nombreux et viennent de différents secteurs de travail. Parmi les plus importants, citons d’abord le narrateur Lemmer. Invisible, pourquoi ? C’est un garde du corps, mais pas celui du type gorille, immense par sa corpulence. Et pour mener l’enquête, il doit se cacher à de multiples reprises. L’image qu’il montre de lui-même est également réservée; or, puisqu’il est le narrateur, on cerne ses sentiments, ses réflexions et ses intentions. Ça donne l’impression au lecteur de si bien le connaître (contrairement aux autres personnages), et c’est rassurant. Puis on retrouve Emma Le Roux, au centre de toute l’histoire. Sa grande détermination suscite de nombreux trajets qui donneront des indices révélateurs…

J’ai adoré les descriptions sur l’Afrique du Sud. Pour information, l’auteur Deon Meyer est originaire de ce pays et parle souvent de cette culture dans ses romans. Non
seulement sur le paysage, mais également sur les rapports sociaux. On découvre des tensions entre les tribus. Oui, le roman parle de violence entre les riches et les pauvres, et des séparations entre les couleurs de peau. J’ai pris du plaisir à lire, tout en m’instruisant sur les relations en Afrique.

Le style de l’auteur est très accrocheur et rend Lemmer vraiment dynamique dans ses pensées alors qu’il est effacé à l’extérieur. Concernant la structure, on suit tout d’abord l’histoire avec Emma comme personnage principal, recueillant des informations. Ensuite, l’action apparait si brusquement qu’on est emporté au cours de la mission. C’est alors au tour de Lemmer de se révéler.

Bref, on en apprend beaucoup sur l’Afrique du Sud, puisque c’est justement sur les tensions sociales que l’intrigue de ce roman existe. Rajoutez des mensonges, des personnages cachés et intrigants, des soupçons, une subite découverte…et vous avez un livre sombre et vivant. Comme celui-ci.

La Fille du Chaos

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Titre : La Fille du Chaos

Auteur: Tetsuya Toyoda

Année de publication: 2004 – 2005

Genre: Polar spirituel

 

 

 


Mon avis

Un polar spirituel ? Ça a l’air intéressant. De plus, j’avais envie de lire pour la première fois un roman d’origine japonaise. Voici donc une histoire qui se déroule à Tokyo, si on en croit la première de couverture. Mais ce n’est pas le seul lieu: on se retrouve également plongé en banlieue, dans la forêt, et dans des rêves visionnaires…Bienvenue dans le cauchemar d’une société moderne corrompue.

En parlant de prédictions, Naruhiko est un garçon ayant hérité des pouvoirs de sa grand-mère chamane. D’un autre côté, Mariko est une lycéenne ayant été séquestrée et abusée sexuellement par un certain Maôji. Après s’être sauvée, elle sombre d’échec en échec avec d’autres personnes mal intentionnées. Elle rencontrera le professeur Sanada, qui souhaite l’aider en déclenchant une vengeance contre la société japonaise d’aujourd’hui.

Le roman, associant le genre policier au fantastique, est plutôt original. Les personnages sont hors du commun, à commencer par Naruhiko, élève narcoleptique et visionnaire. Même l’atmosphère dégagée par l’auteur sur Tokyo est loin de ressembler aux stéréotypes d’une ville sécurisée. On est donc loin de s’attendre à un livre de tout repos.

L’auteur décrit la capitale du Japon sous des airs sombres et pessimistes. La société moderne semble se résumer à deux éléments: l’argent et le sexe. Sans oublier que des scènes de violence ont lieu; je me suis sentie mal à l’aise en lisant les passages d’abus sur Mariko, notamment parce qu’ils étaient très réalistes. L’auteur n’a aucun but de divertir, mais plutôt de faire réfléchir au comportement néfaste (et pourtant banalisé) par la société moderne. Ainsi, les échecs de Mariko à chaque homme fréquenté conduisent à des scènes trash, et ceci à de multiples reprises. Mais d’un autre côté, on sent le développement des personnages changer peu à peu, ce qui donne un rythme de progrès et qui pousse à en savoir plus.

On entre à la fois dans un univers de médium (bonjour les esprits, fantômes, et démons), et dans une ville moderne. Naruhiko est mis à l’écart de la société; déjà, il se rend dans les landes sauvages pour devenir chamane. Un lien s’établit donc entre lui et ses racines, il communique même avec la nature. Le bien (les traditions) s’oppose au mal (la modernité, la déchéance). On cerne une problématique moraliste: comment affronter ce mal ? Crimes, haine, vengeance sont des termes présents dans le roman. Les choix de Naruhiko guident le déroulement de l’histoire; sa grand-mère lui rappelle souvent qu’il doit chercher le bien, et éviter les pièges du Démon.

Après avoir fini La Fille du Chaos, j’ai été un peu perturbée, mais d’une bonne manière. Je suppose que l’histoire, et surtout la fin, fait réfléchir sur la psychologie de la déchéance, la volonté de vouloir s’opposer au mal. Je recommande donc ce livre aux personnes intéressées par une mixture d’enquête détective et de médium, dans un univers assez violent, et aussi celles qui cherchent à en connaître plus sur le Japon, ses légendes et ses quartiers modernes.

Les Brumes de Sapa

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Titre: Les Brumes de Sapa

Auteur: Lolita Séchan

Année de parution: 2016

Genre: Roman graphique / Autobiographie

 

 

 


Mon avis

Devenir adulte, c’est compliqué. Mais que se passe-t-il lorsqu’on voyage à l’autre bout du monde et qu’on fait une rencontre touchante ? Lolita Séchan parle de son amitié avec une fille Hmong dans “Les Brumes de Sapa”.

À vingt-deux ans, l’auteur est confuse et s’envole au Vietnam pour trouver un sens à sa vie. On la voit en train de se faire une place dans cette culture si différente de la France. Le trafic, la nourriture, l’hôpital, la météo…au départ, c’est frustrant. Puis elle part dans la ville de Sapa, où on trouve les minorités Hmong. Elle fait alors la connaissance de Lo Thi Gom, une petite fille avec qui elle deviendra amie.

Tout d’abord, j’ai apprécié le style graphique, à la fois type “journal de bord” et très détaillé. Les cases se lisent fluidement et on y trouve parfois des doubles planches où un paysage est dévoilé. Les dessins sont une vision interne de l’auteur; ça amplifie le côté autobiographique.

Concernant l’histoire, j’ai été touchée par l’amitié de Lolita et de Lo Thi Gom. Elles partagent des cultures différentes, vivent à des milliers de kilomètres, et pourtant…quelque chose les rapproche. L’auteur prend bien soin de détailler la vie de son amie; faisant partie des minorités, Gom doit subir l’hostilité des Vietnamiens. Lolita montre aussi sa vie d’études, ses premières histoires d’amour, et sa famille. Ces petits détails du quotidien m’ont fait sentir plus proche des protagonistes.

Le thème de la vie adulte est aussi présent. Le roman suit l’ordre chronologique, et au fil des pages, on voit Lolita et Lo Thi Gom grandir. Malgré leurs différences, elles ont les mêmes doutes. Au-delà des cultures, leurs questions existentielles sont plutôt similaires. L’auteur illustre les conversations sous un angle assez philosophique; ça rassure de savoir qu’on n’est pas les seuls à être incertains sur l’avenir ! Ça m’a vraiment permis de m’identifier.

Mais il y a cet autre élément qui frappe à plusieurs reprises: la liberté. On peut bien s’envoler pour un court instant, mais après, on revient à notre train-train quotidien. Déjà, partir à l’autre bout du monde, c’est comme un nouveau souffle. On fait de nouvelles rencontres. Mais Lolita ne peut voir Gom que pendant un court instant, avant de rentrer, et de revenir pour un nouveau voyage. Et ainsi de suite. Je me demande alors si la liberté n’est pas comme un abri temporel. Ce sont justement ces brefs instants qui rendent leur amitié émouvante.

Finalement, j’ai aimé ce côté réaliste de présenter les choses telles qu’elles sont; car l’amitié pose aussi des doutes. J’ai pu en apprendre plus sur le Vietnam et les minorités. Certains passages m’ont fait sourire grâce au choc culturel, d’autres m’ont fait réfléchir sur la définition du mot “Grandir”. En fin de compte, c’est une histoire où l’on apprend à grandir avec les deux protagonistes. Une escapade au fil des pages que je recommande fortement.

Undercurrent

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Titre: Undercurrent

Auteur: Tetsuya Toyoda

Année de publication: 2004 – 2005

Type: Manga seinen

Genre: Slice-of-life, Drame


Mon avis sur ce manga

Peut-on vraiment connaître quelqu’un ? Le manga Undercurrent de Tetsuya Toyoda nous emmène dans ce thème d’introspection émouvant.

Kanae est une jeune femme propriétaire d’un bâtiment de bains, et elle a perdu son mari. Est-il vivant, a-t-il eu un accident ? Elle l’ignore. Peut-être s’est-il trouvé une autre femme ? Elle se soucie de cette mystérieuse disparition. Mais son quotidien change lorsque M. Hori, envoyé par le syndicat des bains, la rejoint dans son travail. Plus tard, Kanae décide de contacter un détective pour résoudre le mystère de son conjoint disparu.

Dès la couverture, on peut déduire que ce manga met l’accent sur l’émotion. Le graphisme de Toyoda est clair et simple; les expressions faciales des personnages sont mis en évidence. L’intrigue est en effet troublante: le mari de la protagoniste est parti sans prévenir. Kanae pensait si bien le connaître, mais au fil du temps, elle n’en n’est plus si sûre. Les passages les plus émouvants sont ceux où on la voit dans sa solitude. Des visions cauchemardesques surviennent aussi, dépeints sous un style plus sombre.

Or, c’est avec légèreté que l’auteur illustre le quotidien de Kanae. En tant que manga slice-of-life, le rythme est lent. La protagoniste fait de nouvelles rencontres, reprend contact avec son ancienne amie, s’occupe des bains…une vie plutôt normale, en apparence. Parfois, des scènes qui n’ont rien à voir avec l’intrigue, viennent apporter du piment dans son quotidien. Cela fait oublier le chagrin de Kanae pendant quelques instants, et nous plonge dans d’autres personnages, comme M. Hori ou le grand-père Sabu. Ce dernier est d’ailleurs comique; il vient apporter de l’humour dans cette histoire de drame.

La véritable action se déroule lorsque Kanae contacte le détective Yamazaki. Mais on ne voit pas vraiment ce qui se passe derrière les scènes de l’enquête. Ces deux personnages se rencontrent uniquement pour discuter de l’avancement. Yamazaki est plutôt décalé; il impose des rendez-vous sérieux dans des endroits de divertissement, comme le karaoké ou la fête foraine. Son style est négligé. Mais il ne faut pas se fier aux apparences: il semble bien vouloir aider Kanae dans son affaire.

Ce n’est que vers la fin où l’on réussit à percer le mystère. On arrive à cerner les sentiments des personnages, lorsque les cartes sont mises sur la table. Mais surtout, Kanae cache un lourd secret de son passé. Cette scène de flashback peut surprendre, mais on parvient à éprouver de l’empathie pour elle. En clair, l’auteur dévoile la vérité, en laissant tout de même une ouverture dans les dernières pages.

Finalement, si vous aimez les romans graphiques avec une progression lente, Undercurrent vous fera passer un bel après-midi introspectif. Préparez-vous à observer le contraste entre légèreté du présent et trouble du passé…

Nos amis les humains

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Titre: Nos amis les humains

Auteur: Bernard Werber

Année de parution: 2003

Genre: Science-fiction

 

 

 

 

 


Mon avis sur ce roman

Une histoire courte avec deux personnages coincés dans une cage en verre…J’ai vite lu “Nos amis les humains” de Bernard Werber, et mon opinion est partagée.

Raoul Méliès, un scientifique pour un laboratoire de cosmétique, est enfermé en compagnie de Samantha Baldini, dompteuse de tigres. Ils n’ont aucune idée de ce qu’ils font entre ces parois de verre, mais ils réalisent aussitôt qu’ils sont les derniers humains de l’univers. Un dilemme se pose alors: vont-ils sauver l’humanité ?

Cette oeuvre de Werber est une pièce de théâtre; on y trouve donc beaucoup de dialogues. J’ai apprécié le rythme rapide, avec un style simple qui donne envie de continuer. L’histoire ne comporte qu’une centaine de pages, et ça se lit vite.

Cependant, niveau personnages, je les ai trouvés plutôt stéréotypés. L’un est du style calme et analytique, l’autre déborde d’énergie. De ce fait, ils sont assez prévisibles tout au long de la pièce. J’ai eu l’impression de faire face à deux points de vue, plutôt qu’à deux personnages ayant une panoplie d’émotions. C’est pourquoi certaines scènes ne m’ont pas semblé réalistes, côté dialogue.

On retrouve le style de Werber, qui expose souvent le thème de l’humanité. Mais il y a surtout cette problématique qui refait surface: peut-on sauver le monde ? Peut-être que si je n’avais pas lu “Le Papillon des Étoiles” (un roman du même auteur), j’aurais eu plus d’intérêt pour l’intrigue. Seul problème, l’histoire m’a fait penser à cet autre roman, et le suspense ne m’a pas semblé agitant. Toutefois, certaines idées de l’auteur apportent toujours une dose de réflexion, notamment sur la philosophie éthique de l’homme: est-il bon ou mauvais ?