La Fille du Chaos

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Titre : La Fille du Chaos

Auteur: Tetsuya Toyoda

Année de publication: 2004 – 2005

Genre: Polar spirituel

 

 

 


Mon avis

Un polar spirituel ? Ça a l’air intéressant. De plus, j’avais envie de lire pour la première fois un roman d’origine japonaise. Voici donc une histoire qui se déroule à Tokyo, si on en croit la première de couverture. Mais ce n’est pas le seul lieu: on se retrouve également plongé en banlieue, dans la forêt, et dans des rêves visionnaires…Bienvenue dans le cauchemar d’une société moderne corrompue.

En parlant de prédictions, Naruhiko est un garçon ayant hérité des pouvoirs de sa grand-mère chamane. D’un autre côté, Mariko est une lycéenne ayant été séquestrée et abusée sexuellement par un certain Maôji. Après s’être sauvée, elle sombre d’échec en échec avec d’autres personnes mal intentionnées. Elle rencontrera le professeur Sanada, qui souhaite l’aider en déclenchant une vengeance contre la société japonaise d’aujourd’hui.

Le roman, associant le genre policier au fantastique, est plutôt original. Les personnages sont hors du commun, à commencer par Naruhiko, élève narcoleptique et visionnaire. Même l’atmosphère dégagée par l’auteur sur Tokyo est loin de ressembler aux stéréotypes d’une ville sécurisée. On est donc loin de s’attendre à un livre de tout repos.

L’auteur décrit la capitale du Japon sous des airs sombres et pessimistes. La société moderne semble se résumer à deux éléments: l’argent et le sexe. Sans oublier que des scènes de violence ont lieu; je me suis sentie mal à l’aise en lisant les passages d’abus sur Mariko, notamment parce qu’ils étaient très réalistes. L’auteur n’a aucun but de divertir, mais plutôt de faire réfléchir au comportement néfaste (et pourtant banalisé) par la société moderne. Ainsi, les échecs de Mariko à chaque homme fréquenté conduisent à des scènes trash, et ceci à de multiples reprises. Mais d’un autre côté, on sent le développement des personnages changer peu à peu, ce qui donne un rythme de progrès et qui pousse à en savoir plus.

On entre à la fois dans un univers de médium (bonjour les esprits, fantômes, et démons), et dans une ville moderne. Naruhiko est mis à l’écart de la société; déjà, il se rend dans les landes sauvages pour devenir chamane. Un lien s’établit donc entre lui et ses racines, il communique même avec la nature. Le bien (les traditions) s’oppose au mal (la modernité, la déchéance). On cerne une problématique moraliste: comment affronter ce mal ? Crimes, haine, vengeance sont des termes présents dans le roman. Les choix de Naruhiko guident le déroulement de l’histoire; sa grand-mère lui rappelle souvent qu’il doit chercher le bien, et éviter les pièges du Démon.

Après avoir fini La Fille du Chaos, j’ai été un peu perturbée, mais d’une bonne manière. Je suppose que l’histoire, et surtout la fin, fait réfléchir sur la psychologie de la déchéance, la volonté de vouloir s’opposer au mal. Je recommande donc ce livre aux personnes intéressées par une mixture d’enquête détective et de médium, dans un univers assez violent, et aussi celles qui cherchent à en connaître plus sur le Japon, ses légendes et ses quartiers modernes.