Les Brumes de Sapa

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Titre: Les Brumes de Sapa

Auteur: Lolita Séchan

Année de parution: 2016

Genre: Roman graphique / Autobiographie

 

 

 


Mon avis

Devenir adulte, c’est compliqué. Mais que se passe-t-il lorsqu’on voyage à l’autre bout du monde et qu’on fait une rencontre touchante ? Lolita Séchan parle de son amitié avec une fille Hmong dans “Les Brumes de Sapa”.

À vingt-deux ans, l’auteur est confuse et s’envole au Vietnam pour trouver un sens à sa vie. On la voit en train de se faire une place dans cette culture si différente de la France. Le trafic, la nourriture, l’hôpital, la météo…au départ, c’est frustrant. Puis elle part dans la ville de Sapa, où on trouve les minorités Hmong. Elle fait alors la connaissance de Lo Thi Gom, une petite fille avec qui elle deviendra amie.

Tout d’abord, j’ai apprécié le style graphique, à la fois type “journal de bord” et très détaillé. Les cases se lisent fluidement et on y trouve parfois des doubles planches où un paysage est dévoilé. Les dessins sont une vision interne de l’auteur; ça amplifie le côté autobiographique.

Concernant l’histoire, j’ai été touchée par l’amitié de Lolita et de Lo Thi Gom. Elles partagent des cultures différentes, vivent à des milliers de kilomètres, et pourtant…quelque chose les rapproche. L’auteur prend bien soin de détailler la vie de son amie; faisant partie des minorités, Gom doit subir l’hostilité des Vietnamiens. Lolita montre aussi sa vie d’études, ses premières histoires d’amour, et sa famille. Ces petits détails du quotidien m’ont fait sentir plus proche des protagonistes.

Le thème de la vie adulte est aussi présent. Le roman suit l’ordre chronologique, et au fil des pages, on voit Lolita et Lo Thi Gom grandir. Malgré leurs différences, elles ont les mêmes doutes. Au-delà des cultures, leurs questions existentielles sont plutôt similaires. L’auteur illustre les conversations sous un angle assez philosophique; ça rassure de savoir qu’on n’est pas les seuls à être incertains sur l’avenir ! Ça m’a vraiment permis de m’identifier.

Mais il y a cet autre élément qui frappe à plusieurs reprises: la liberté. On peut bien s’envoler pour un court instant, mais après, on revient à notre train-train quotidien. Déjà, partir à l’autre bout du monde, c’est comme un nouveau souffle. On fait de nouvelles rencontres. Mais Lolita ne peut voir Gom que pendant un court instant, avant de rentrer, et de revenir pour un nouveau voyage. Et ainsi de suite. Je me demande alors si la liberté n’est pas comme un abri temporel. Ce sont justement ces brefs instants qui rendent leur amitié émouvante.

Finalement, j’ai aimé ce côté réaliste de présenter les choses telles qu’elles sont; car l’amitié pose aussi des doutes. J’ai pu en apprendre plus sur le Vietnam et les minorités. Certains passages m’ont fait sourire grâce au choc culturel, d’autres m’ont fait réfléchir sur la définition du mot “Grandir”. En fin de compte, c’est une histoire où l’on apprend à grandir avec les deux protagonistes. Une escapade au fil des pages que je recommande fortement.